Les relations faune sauvage / habitat
Les études réalisées et en cours
Les relations faune sauvage / habitat
L’ONCFS est engagé avec divers collaborateurs, notamment l’ONF, le Parc Amazonien de Guyane, et l’UMR EcoFoG dans un programme caractérisant les grands habitats forestiers de Guyane, et les communautés de grande faune associées.
Au-delà de l’apparente homogénéité initiale, plusieurs types de forêt et d’habitats forestiers ont ainsi été récemment caractérisés en Guyane, et un catalogue des habitats forestiers a été édité par l’ONF et la DEAL. Les espèces animales de grande faune sont présentes dans tout le bloc forestier, mais de manière inégale selon les conditions environnementales.
Les zones de reliefs s’avèrent ainsi plutôt favorables aux hoccos, par exemple, les biches et pécaris seraient plus présents sur les plateaux, alors que les capucins noirs affectionnent les plaines côtières. Les grandes plaines du sud du département abritent de grandes diversités.
Une thèse sur le sujet
Une thèse de Doctorat de l’Université de Guyane, réalisée par Thomas Denis, et intitulée « Organisation des communautés de moyens et grands vertébrés en relation avec l’hétérogénéité des forêts de terre ferme de Guyane » a été soutenue le 17/05/2017 sur le campus agronomique de Kourou, devant un jury de spécialistes locaux et nationaux. Menée sous la co-direction de Cécile Richard-Hansen (ONCFS) et Bruno Hérault (Cirad-UMR EcoFoG), ces travaux valorisent scientifiquement des années de collecte de données issues de programmes menés en collaboration avec divers partenaires, tout particulièrement l’ONF et le Parc Amazonien de Guyane.
Une partie de la thèse a permis d’affiner la méthode de calcul d’estimation d’abondance des diverses espèces, en prenant en compte la détection imparfaite et les déplacements des animaux. Il a été montré que les différences de détection dues aux conditions environnementales (plus ou moins de visibilité en forêt) affectent peu le résultat à l’échelle d’un site, et donc que les indices d’abondance peuvent être utilisés pour comparer différentes zones. Par contre, les caractéristiques physiques ou comportementales des espèces influencent leur détectabilité et donc la mesure de l’indice d’abondance. Les espèces bruyantes, de grande taille, se déplaçant beaucoup, sont plus facilement détectées que les petites espèces à la robe tachetée, par exemple.
Une partie du travail s’est focalisée sur la distribution et les abondances d’une espèce clé et à fort enjeu de gestion en Guyane, le Hocco alector (voir fiche sur les études sur le hocco). Les résultats montrent que la distribution de hocco en Guyane dépend des conditions physiques ou biologiques des forêts, en particulier de la topographie, et que la chasse influence également fortement l’abondance de l’espèce.
Plus globalement, la composition des communautés de grande faune forestière de Guyane est en partie seulement influencée par certains paramètres de l’environnement tandis que la diversité de ces communautés semble être plutôt héritée de l’histoire climatique de la zone (zones refuges durant périodes glaciaires du Pléistocène).
Enfin, la coexistence à petite échelle des différentes espèces de la communauté semble régie par des interactions plus souvent positives que compétitrices. La présence d’espèces arboricoles comme les singes pourrait favoriser localement celle des terrestres frugivores, en améliorant leurs ressources alimentaires.