Le programme « Pécari à lèvres blanches »
Les études réalisées et en cours
Le programme Pécari à lèvres blanches
Le pécari à lèvre blanche (Tayassu pecari) est une espèce clé de la forêt amazonienne. C’est l’un des principaux gibiers chassés par l’ensemble des populations, en particulier celles tirant traditionnellement leur subsistance de la chasse. Vivant en larges troupes pouvant atteindre plusieurs centaines d’individus, et patrouillant sur d’immenses domaines, le pécari à lèvre blanche a un rôle structurant sur l’ensemble de l’écosystème, ce qui lui vaut d’être qualifié « d’Ingénieur de l’écosystème ». Ses actions de prédation des graines, de piétinement et de « labourage » des sols à la recherche de nourriture enfouie exercent des pressions diverses sur la dynamique forestière, et son rôle dans l’équilibre de la communauté animale est souvent souligné. L’espèce a été récemment classée comme Quasi menacé par l’UICN, principalement en raison des prélèvements par la chasse et de la fragmentation des forêts. Malgré tout cela, de nombreux aspects de son écologie demeurent mal compris. La taille du domaine vital et l’échelle de ses déplacements, en particulier, semblent extrêmement variables selon les études, pays, ou biotopes considérés.
En 2012, le Parc Amazonien de Guyane et l’ONCFS ont initié un programme de suivi des pécaris à lèvres blanches intitulé SOPPAG -Suivi Opérationnel des Pécaris à lèvres blanches du Parc Amazonien de Guyane- financé par des fonds européens BEST. Le but principal était de mieux connaître l’écologie du pécari à lèvres blanches et de réaliser un état des lieux de la situation de cette espèce sur le territoire de Guyane afin de promouvoir sa conservation, par des actions de communication et de sensibilisation.
Ce programme se continue actuellement, le terrain d’étude étant principalement reporté sur la frange littorale grâce à de nouvelles collaborations techniques et financières (CNES) qui ont permis de poursuivre cette étude, notamment sur le territoire du Centre Spatial Guyanais et sur une zone préservée du centre littoral.
Résultats
Suivi télémétrique
Plusieurs dizaines d’individus ont été capturés, treize d’entre eux ont pu être équipés de colliers GPS reliés par liaison satellite, répartis sur deux zones du centre littoral.
Les suivis ont une durée variable de 2 semaines à 6 mois, dépendant du milieu dans lequel évolue les animaux, la technologie ne pouvant encore s’affranchir des limites imposées par les caractéristiques de l’habitat dans lequel évoluent les animaux (hauteur des arbres, couverture forestière…).
Le cumul des différents suivis permet cependant d’évaluer la taille moyenne des domaines vitaux des pécaris à lèvres blanches à environ 60 Km2, dans l’état actuel de nos connaissances. A priori, les hardes semblent fidèles à leur territoire et ne semblent pas effectuer de grandes migrations, hypothèse qui avait été proposée pour expliquer ces fluctuations pluriannuelles (cf partie « les espèces suivies par les équipes »). Les animaux effectuent des déplacements journaliers de 3 km environ et ne sortent qu’en de très rares occasions des zones forestières, utilisant préférentiellement le moindre corridor forestier pour rejoindre les différentes parties de leur domaine vital.
Etude génétique
Plus d’une centaine d’échantillons de tissus (muscle) ont été collectés grâce à la collaboration du Parc amazonien de Guyane et à la participation de chasseurs.
Le but de cette étude est de comparer la variabilité génétique de ces échantillons à ceux collectés au début des années 2000 dans le cadre d’une étude sur les mammifères. Cette période d’une dizaine d’années a en effet vu la population de pécaris s’écrouler (Richard-Hansen et al. 2013), la comparaison des deux lots d’échantillons permettrait donc de savoir si l’espèce recolonise le territoire par des échanges de populations provenant de pays limitrophes de Guyane ou si cette recolonisation s’effectue plutôt à partir d’un noyau de population relictuelle. Les analyses seront faites en partenariat avec une généticienne brésilienne spécialiste de l’espèce, au cours de l’année 2018.