Le tapir
Les études réalisées et en cours
Le tapir
Densités de tapirs en Guyane
Les abondances de tapir ne peuvent être estimées simplement par les transects linéaires, comme beaucoup d’autres espèces, car ils sont nocturnes, et trop rarement observés pour donner des résultats par cette méthode.
Des dispositifs systématiques de pièges photo automatiques ont été déployés pour étudier cette espèce difficile à observer directement. Disposés en forêt selon un maillage systématique, ils prennent en photo tous les passages d’animaux dans leur rayon de détection. Les tapirs sont ensuite identifiés sur les photos grâce à des cicatrices, tâches ou entailles naturelles dans les oreilles, et par calcul (méthode de « capture/marquage/recapture », même si les captures sont ici virtuelles), on peut en déduire une densité globale de la population de la zone. Aux Nouragues, zone protégée, une densité de 3.2 tapirs pour 10km2 de forêt a ainsi été estimée. Sur le domaine du Centre spatial Guyanais, zone également non chassée, la densité serait assez voisine
En comparant ces chiffres avec les prélèvements de tapirs effectués et recensés dans les enquêtes chasse, il est apparu que le prélèvement effectué par la chasse était bien supérieur aux capacités de renouvellement naturel de l’espèce, par sa reproduction assez lente, conduisant à une surexploitation et un risque de diminution drastique ou d’extinction locale dans les zones chassées. L’espèce reste présente probablement grâce à des mouvements de population venant des zones non chassées alimentant régulièrement les zones sur-chassées par des jeunes en quête de territoire…
Le régime alimentaire du tapir
Il est important de connaître l’écologie des espèces, comme leur régime alimentaire, pour comprendre leurs besoins, leurs déplacements, les menaces qui peuvent altérer leur survie etc …
Pour savoir ce qu’une espèce herbivore mange, on peut retrouver des traces de plantes broutées en forêt (« abroutissements »), et les identifier grâce à l’aide des botanistes, mais cela reste souvent incomplet car ces traces discrètes ne sont pas faciles à toutes retrouver en forêt. Comme méthode indirecte, on étudie donc les restes de leurs repas, contenu dans leurs crottes. Plusieurs méthodes permettent ensuite d’identifier ce qui a été mangé : des graines de fruits sont souvent retrouvées intactes dans les crottes : le tapir participe ainsi à leur dissémination et à la propagation de l’espèce d’arbre qui les porte. Des botanistes peuvent reconnaître les fruits, qui constituent une bonne part de l’alimentation du tapir, surtout en période des pluies où ils sont abondants. Le reste de l’année, le tapir consomme beaucoup de feuilles et de parties végétales qui se retrouvent broyées dans les crottes. Pour les identifier plus globalement, on extrait l’ADN de l’ensemble des fragments de feuilles retrouvés dans les crottes par des méthodes très modernes de génétique, et on identifie l’espèce grâce à des bases de données qui recensent les codes génétiques des espèces. Le travail en Guyane est compliqué du fait de la très grande diversité des espèces végétales présentes, et a été mené en collaboration avec l’INRA et le CNRS. Pour couronner le tout, le tapir faisant très souvent ses déjections dans l’eau, il faut s’assurer que l’ADN est suffisamment conservé pour être identifiable …. Au final, plus d’une centaine d’espèces consommées par le tapir ont été identifiées.